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« Ogareff était du même avis. Il était persuadé que Bakounine ne se contenterait pas de la propagande seulement et qu’il voudrait tenter une action sur le modèle du mouvement révolutionnaire en Europe. Aussi, apparut-il à l’Occident comme un ardent défenseur de la Pologne. Herzen et Ogareff étaient également sympathiques à celle-ci, quant aux souffrances qu’elle endurait, mais ils condamnaient les sentiments aristocratiques des Polonais, leur manière de traiter le bas peuple, etc.

« Les pressentiments de Herzen furent bientôt réalisés.

« Avec l’arrivée de Bakounine coïncida une explosion de sympathies polonaises dans la « presse libre » russe. D’abord, Bakounine publia ses articles dans la Cloche ; mais lorsque Herzen se fut aperçu des tendances polonaises de Bakounine, il lui proposa de publier ses écrits en brochures ou de les insérer dans la revue spéciale qui paraissait sous le titre de « Échos de Russie », attendu que leurs points de vue étaient différents… Le grand mal était que les points de vue de Ogareff et de Bakounine se rapprochaient sensiblement et que celui-ci commençait à exercer une influence marquée sur celui-là. Or, Herzen cédait toujours à Ogareff, même lorsqu’il s’apercevait d’une erreur de sa part » ( « Antiq. russes », 1894, novembre, 18-21).

Herzen et Bakounine différaient essentiellement ; le premier se bornait à propager certaines idées dans la mesure de ses forces et de celles de son cercle, tandis que l’autre aspirait à une action révolution-