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tecôte, dit que le but de celle-ci n’était pas du tout connu des citoyens et des étudiants qui y prirent part, et qu’en général il n’y avait rien de défini ; que chaque fois que les négociations avec Windischgratz aboutissaient et qu’une entente allait s’établir, les insurgés rouvraient le feu. « Plus tard, ajoute l’auteur tchèque, il fut démontré que le gouvernement insurrectionnel secret se tenait à Clementinum. Là, siégeaient Bakounine et ses partisans, ayant les plans de Prague étalés sur la table et donnant des ordres pour continuer l’insurrection. » (Maly, II, 81).

Cependant, lors du bombardement de Prague, Bakounine s’enfuit en Allemagne. Là, il se réfugia, tantôt à Berlin, tantôt à Dessau, Kœthen et autres villes, lorsqu’on avril 1849, il apparut à Leipzig, au milieu d’étudiants tchèques. Auguste Rœckel, par ses récits, nous permet de nous faire une certaine idée de la vie de Bakounine pendant cette période. Il dit que Bakounine espérait que l’insurrection éclaterait bientôt en Bohême, mais qu’il aurait voulu la retarder jusqu’à ce que l’Allemagne fût aussi prête à se soulever. À ces fins, il envoya Rœckel à Prague, mais l’émissaire trouva que la Bohême était encore bien loin de songer à s’insurger. Entre temps, Bakounine publia à Kœthen son « Appel aux Slaves »[1]. Cette brochure, écrite dans l’intention formelle de servir la cause de la liberté et de l’égalité des peuples, ne pouvait pourtant avoir aucune importance réelle, malgré ce qu’en espérait l’auteur, car, à cette époque, parmi les Allemands eux--

  1. Cet appel fut aussi publié en langue bohême, dans la feuille « Noving slavanaké etc. »