Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ser n’était pas une chose invraisemblable. Mais il est intéressant de noter que, à la fin de 1847, Bakounine craignait que ses amis slaves de Paris n’eussent pris connaissance de son discours prononcé à Bruxelles.

La république, proclamée en 1848, à la suite de la révolution de Février, rouvrit à Bakounine les portes de la France. Il retourna donc à Paris, mais n’y demeura pas longtemps ; Herzen, qui, bientôt après, arriva d’Italie, ne l’y trouva plus.

Ce dernier raconte ce séjour de Bakounine à Paris dans les termes suivants :

« Les premiers jours qui suivirent la révolution de Février, furent les plus beaux dans la vie de Bakounine. En s’en revenant de Belgique, où Guizot l’avait contraint de se réfugier à la suite de son discours du 29 novembre, prononcé à l’occasion de l’anniversaire de la révolution polonaise, Bakounine se lance corps et âme dans la révolution. Il ne quitte plus les postes des « Montagnards » ; il y passe ses nuits, mange avec eux et ne se lasse pas de leur prêcher le communisme et « l’égalité du salaire » ; le nivellement, au nom de l’Égalité, l’émancipation de tous les Slaves, l’abolition de tous les États analogues à l’Autriche, la révolution « en permanence » et la lutte implacable jusqu’à l’extermination du dernier ennemi. Caussidière, préfet des barricades, qui « cherchait à créer l’ordre avec du désordre », ne savait plus comment se débarrasser de ce cher prédicateur ; d’accord avec Flocon (membre du gouvernement provisoire), il imagina, en effet, de l’envoyer, avec une fraternelle accolade, chez les Slaves, dans l’espoir qu’il s’y casserait