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Bien que ces points de vue, caractéristiques pour Bakounine, n’aient eu leur entier développement que dans le cours du temps, il est évident que cette conception prit naissance durant son séjour à Paris, alors qu’il s’était entièrement détaché de la vie réelle russe et qu’il avait perdu l’habitude du travail régulier.

Le 29 novembre 1847, Bakounine prononce un discours au banquet polonais, organisé en commémoration du dix-septième anniversaire de la première insurrection polonaise, discours dans lequel il démontre que la réconciliation entre Polonais et Russes serait réalisable par une action révolutionnaire commune contre le despotisme de Nicolas, et selon lui, cette révolution est prochaine. Dans ses conclusions, il expose l’idée qu’une telle réconciliation russo-polonaise entraînerait en même temps « l’émancipation de tous les peuples slaves, qui languissent sous le joug étranger. »

C’est là la première manifestation que nous connaissions de Bakounine en faveur de la question slave. En 1861, il écrivit de San Francisco à Herzen et à Ogareff :

« Auprès de vous je servirai la cause slavo-polonaise, qui depuis 1846 est devenue mon idée fixe et ma spécialité depuis 1848-1840. » Cependant la genèse de cette idée, chez Bakounine, reste jusqu’à maintenant encore fort obscure.

Le résultat immédiat du discours du 29 novembre 1847 fut son expulsion de France, à la requête de Kisseleff, l’ambassadeur de Russie. Bakounine alla à Bruxelles. De là il écrivit à Annenkoff une lettre datée du 28 décembre, 1847, dans laquelle est surtout