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« … Mais Bakounine va plus loin encore dans son style apocalyptique et dit (en se plaçant déjà au point de vue qu’il admit plus tard) :

«« Le peuple, la classe déshéritée qui comprend la plus grande partie de l’humanité, cette classe dont les droits sont reconnus théoriquement, mais qui par sa naissance et sa situation est condamnée, aujourd’hui encore, à la misère et à l’ignorance, donc, en fait, à l’esclavage ; cette classe, qui est le peuple proprement dit, prend partout une attitude menaçante ; elle commence à compter avec ses ennemis, dont les rangs sont relativement moins nombreux, et à réclamer la restitution des droits qui lui sont reconnus par tout le monde. Les individus comme les peuples, sont pleins d’espérances, et tout être humain qui possède des organes sains attend anxieusement le jour prochain où cette parole libératrice sera, enfin, prononcée. Et, même en Russie, ce pays de neige, d’une étendue infinie, que nous connaissons si peu et qui, peut-être, aura un grand avenir, même en cette Russie on voit s’accumuler des nuages noirs, des nuages annonçant l’orage !… Oh ! l’atmosphère est lourde, elle porte la tempête dans ses flancs ! »»

« Il ne suffit pas de dire que Bakounine avait une instruction allemande ; il était à même de laver la tête philosophiquement aux philosophes et aux politiciens allemands eux-mêmes, et de présager l’avenir qu’ils évoquaient sciemment ou malgré eux. J’ai fait quelques citations de ce remarquable article. Il mérite d’être relu en entier et cela ne m’étonne pas que de ci, de là, quelques-uns de ceux qui ont reçu l’initia-