Répondez-moi à l’adresse de Paulo Gaverali, Farmacista, Locarno. Pour Mme Antonie (sur l’enveloppe intérieure).
- Nicolas Platonovitch.
Je ne vous ai pas répondu de suite, parce que j’étais très attristée, j’avais l’espoir que vous trouveriez moyen de nous porter secours. Je me trompais. Pardonnez-moi l’inquiétude, le trouble inutile, que ma lettre vous a causé. N’en dites rien à Michel. Pourquoi faire ! « Arrive qu’arrive » ; nous ne sommes pas les premiers et nous ne serons pas les derniers à connaître la véritable misère. Jusqu’ici nous avions la chance de pouvoir nous esquiver chaque fois qu’elle nous menaçait, mais à présent, semble-t-il, nous serons obligés de lui payer aussi notre tribut.
Quant à la famille Herzen, les relations que Michel entretenait avec elle me sont presque inconnues. Je suis si étrangère à la vie extérieure, à tout ce qui est en dehors de mes enfants. Vous, Nicolas Platonovitch, qui connaissez bien les Herzen, vous pouvez en décider vous-même.
Pardonnez-moi la brièveté de ma lettre et excusez aussi si je vous l’envoie non affranchie ; actuellement nous sommes « à la lettre, sans le sou ».
18 février 1872. Locarno.