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hier dans mes lettres à toi et à Ross. Tu devras remettre la lettre ci-jointe pour Varlin de la main à la main. Selon toutes probabilités, les Parisiens seront vaincus, mais ils ne périront pas inutilement, ils auront fait beaucoup de besogne. Qu’ils fassent sauter Paris même, s’il le faut ! Malheureusement, les villes de province comme Lyon, Marseille et autres, ne montrent pas plus de vaillance qu’au commencement, s’il faut en croire les nouvelles qui me parviennent. Les anciens Jacobins, les Delescluse, les Flourens, les Pyat, et Blanqui lui-même, devenus membres de la Commune ne laissent pas de me donner de nouvelles inquiétudes. Je crains qu’ils n’entraînent et ne maintiennent le mouvement dans l’ancienne voie de coupe-tête et d’économie des finances. Alors tout sera perdu. « Une et indivisible » va annuler tout et, surtout elle se perdra elle-même. Ce qui donne de la valeur à cette révolution, c’est précisément qu’elle a été faite par la classe ouvrière. Voilà ce que peut produire une organisation. Durant le siège de Paris, nos amis avaient eu le temps de s’organiser ; ils surent créer une force formidable, tandis que nos Lyonnais et nos Marseillais demeurèrent bredouilles. Les hommes de talent et d’énergie se concentrent en trop grand nombre à Paris ; je crains qu’ils ne s’entravent même les uns les autres. Mais alors, en province, les hommes manquent totalement. S’il n’est pas encore trop tard, il faut insister pour envoyer en province un nombre de délégués, de véritables révolutionnaires. Comment se fait-il que Cluseret soit du Comité ? Est-ce bien vrai ? S’il en est ainsi, c’est de la violence pure et simple. En effet, quelle diabolique situation ! d’un côté, l’entente policière du gouvernement français avec les Prussiens, de l’autre, la bêtise de la pro-