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Le 20 août 1843, Ruge écrivit de Paris à sa femme, que, lors de son passage à Genève, il avait vu Bakounine.

En 1844, Ruge le rencontre à Paris. Dans sa lettre datée du 10 octobre, il écrit à Frœbel :

« … Bakounine est toujours plein de belles espérances et de bonnes intentions ; il est d’un humour intarissable ; mais il me semble qu’il est voué à ne rester toute sa vie qu’un bon camarade et qu’il n’arrivera jamais à étendre son action ni à entrer dans la vie publique. Dans un salon il ne lui manquerait rien, mais il lui manque beaucoup trop sur le terrain de la science, dans l’atmosphère des littératures, pour lui étrangères ou, au moins, avec lesquelles il ne s’est pas familiarisé » .

Le 20 octobre, Ruge écrivit de Paris à Fleischer :

« Bakounine m’a rendu visite. Il a déjà si bien oublié son allemand, qu’il fait faute sur faute et ne trouve plus les mots. Bakounine reste toujours le même charmant garçon. »

Le 24 novembre 1844, Ruge écrit encore à Fleischer :

« Ne manquez pas de lire Custine, sur la Russie. Comme il dépeint admirablement dans son livre les Russes cultivés ! On y retrouve toujours Bakounine ; on dirait que l’auteur l’avait devant lui. Je ne pouvais en croire mes yeux : mon sujet exceptionnel se retrouve là comme type général, tant la culture est étendue dans toutes les familles des grands seigneurs russes ! Ils savent parler de tout ce qui est élevé. Lisez le livre, et vous en serez convaincu…