Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/349

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LETTRE DE BAKOUNINE À OGAREFF


16 octobre, 1870. Dans les environs de Lyon.


Eh bien ! mon vieux, chaque jour ça va de pis en pis. Je viens de recevoir une lettre de Lyon, m’annonçant que Blant[1] et Valence sont arrêtés et que le dernier était porteur d’un dictionnaire contenant à part les noms de tous nos amis, des expressions très compromettantes, telles que : assassinat, pillage, incendie, etc. C’est très mauvais et cela les expose à un danger sérieux. Effrayé par le terrorisme républicano-officiel, le peuple demeure muet. L’ordre a été donné d’arrêter tous ceux dont les noms se trouvent sur la liste. Je ne sais pas encore combien d’arrestations ont été opérées. Certainement, la police arrête tous ceux qui lui tombent sous la main. Il paraît que la nouvelle de l’arrestation de Blant et de Valence est exacte. La police était descendue chez Palix ; mais, le voyant malade et alité, elle le laissa tranquille. Le nom de Bastelica se trouvait aussi sur la liste, de même que celui de Cotbi. Je t’ai déjà écrit que de Tours était venu l’ordre d’arrêter Bastelica, mais que Esquiroce et le préfet de Lyon se refusèrent de procéder à son arrestation sachant d’avance qu’elle provoquerait une grande sensation dans le peuple et peut-être même une explosion. Que diable ! à la suite de la découverte de ce maudit dictionnaire, on changera peut-être de disposition et on l’arrêtera. De sorte que je

  1. Beloche, peut-être (Trad.).