Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/339

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

res avec Nétchaïeff, j’ai trouvé chez ma femme une lettre de vous ; je ne saurais vous dire combien j’ai été heureux d’apprendre ainsi que vous vous êtes, enfin, souvenus de nous, vos anciens amis, qui vous sont toujours dévoués ! J’ai envoyé de Neuchâtel une longue lettre à Talandier et une courte pour Valérien, qui peut-être causera de l’ennui à notre Mrouk[1]. Mais j’avais surtout en vue le but principal que je m’étais donné de vous sauver de Nétchaïeff et de Woldemar S. qui se dit Sallier. Cependant, j’espère que ma lettre détaillée à Talandier suffit à elle seule pour vous persuader que je n’étais pas guidé par un caprice ni par un refroidissement subit sans aucun motif, comme on me l’a si souvent et si injustement reproché. Mrouk pourra bien en témoigner que, depuis qu’il me connaît, je n’ai encore trahi l’amitié de personne, mais que j’ai, moi-même, été souvent trahi ; que je n’ai abandonné un pseudo-ami qu’après avoir épuisé tous les moyens dont je pouvais disposer pour sauvegarder l’amitié et l’union, lorsque j’étais absolument persuadé de l’impossibilité de le conserver. Quant à Nétchaïeff, j’ai montré envers lui encore plus de patience. J’ai été très contrarié d’avoir été obligé de rompre avec lui, parce que cet homme est doué d’une énergie extraordinaire. Dans ma lettre à Talandier j’ai expliqué, sommairement, les causes qui me déterminèrent à cette rupture. J’espère, mes amis, je l’espère surtout pour votre propre bien et votre tranquillité, que vous avez prêté foi à mes paroles et que vous l’avez repoussé de vous. — Écris-moi, Mrouk, en détail, tout ce que tu sais de lui, ce qu’il t’a dit en parlant des affaires en général et particu-

  1. Mroczkowski (Drag.).