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vons lutter énergiquement. Car, c’est là une illusion des plus funestes, qui ne saurait que nuire à la cause populaire et jeter un désarroi dans l’opinion de nos amis de la Russie qui, après les résultats déplorables des efforts que firent Milutine et ses honorables adhérents, devront enfin comprendre qu’il ne peut y avoir rien de commun entre notre État et la cause populaire ; que dans cette alliance surnaturelle, c’est toujours le peuple qui aura à pâtir et jamais l’État. Il m’est d’autant plus indispensable de me prononcer franchement sur cette question que cela me donnera le droit de dire toute la vérité aux Polonais, et je suis bien déterminé de le faire, afin d’en finir une fois pour toutes avec eux. Pourquoi, Herzen veut-il s’occuper de la question slave ? Elle se présente si mal, actuellement, que nous devons absolument la méconnaître, n’en pas parler, ou alors, la poser comme nous l’entendons. J’y touche aussi dans ma brochure. Je sais d’avance que j’aurai à subir des critiques qui pleuvront de tous les côtés ; les Russes ne m’en blâmeront pas moins que les Polonais et les autres Slaves. Mais cela m’est parfaitement indifférent ; eh bien ! je resterai seul avec moi-même, c’est ce qu’il y a de plus important pour moi. Soit, je veux rester cet homme impossible, tant que tous ceux qui, actuellement, sont « possibles » ne changeront pas.

Eh ! mon vieux, je suis bien fautif envers toi ; je ne t’ai rien envoyé de ce que je t’avais promis. Demain, sans faute, et sans le remettre à un plus long délai, je commencerai à rassembler tous les livres que tu me demandes. Excepté la revue des « Annales patriotiques » que l’on m’a emportée, je t’enverrai tout, y compris ta brochure sur les zemstvos.

Tu as vu, sans doute, le programme de notre