voué. Dans cette pensée, il vint s’établir à Genève, où il trouva les premiers réfugiés russes, amis et prosélytes de Tchernychevski, chassés de leur pays par les fureurs d’Alexandre le Pendeur.
Herzen prétendit exercer une prédominance sur ces nouveaux réfugiés ; mais bientôt ceux-ci s’aperçurent de ses tendances absurdes et la rupture entre eux et Herzen ne tarda pas à s’en suivre. Cette rupture devint manifeste, lorsque feu A. A. Serno-Solovievitch (frère de Nicolas, tué en route pendant son transfert aux mines de la Sibérie), l’ami de Tchernychevski et de Mikhaïloff et l’organisateur de la Société internationale à Genève, publia une violente brochure contre l’ex-correspondant populaire d’Alexandre II.
Voici ce qu’écrivit à ce propos à Bakounine, ce dilettante de la révolution, vexé dans ses prétentions :
Quai Mont-Blanc.
Je t’envoie la brochure de Serno-Solovievitch. C’est un insolent et un fou ; mais ce qu’il y a de plus déplorable, c’est que la majorité de la jeunesse russe est pareille[1] et que c’est nous-mêmes qui avons contribué à la faire telle. J’ai beaucoup réfléchi à cela, dans ce dernier temps, et même j’ai écrit à ce sujet, mais non pour le publier maintenant.
Ceci n’est pas du nihilisme. Le nihilisme est un phénomène grandiose dans l’évolution de la pensée
- ↑ Nous mettons en italique les mots soulignés dans l’original (Drag.).