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Dans la presse libre russe qui s’imprime à l’étranger, la figure de Bakounine n’apparaît qu’une fois seulement, et encore est-ce de son vivant dans les « Œuvres posthumes » de Herzen. Avec son humour habituel et l’entrain spirituel qui lui était propre, l’auteur, du haut de sa grandeur, raille Bakounine, en appelant « grand enfant » ce maître de Biélinski et le fondateur du socialisme en Allemagne (on sait que le premier écrit purement socialiste (?) en Allemagne, fut un article de Bakounine, sous le pseudonyme de Jules Élizard).

Herzen dépeint d’une manière charmante les traits, les habitudes et les manières de son ami, de sorte qu’au bout du compte, il en ressort, avec une évidence indéniable, que c’est à la fantaisie de ce « vieux bébé toujours prêt à mordre à l’hameçon du premier mouchard venu » que l’on doit le nouveau courant, — l’idée de la négation de l’État, — qui se manifeste aujourd’hui dans tous les pays.

En France on voit la commune, en Espagne, elle se traduit en Fédéralisme et devient prépondérante en Allemagne et en Italie, malgré l’action du parti très fort des social-démocrates allemands et des mazziniens italiens.

Ce n’est que dans l’avenir, lorsque dans ces pays où Bakounine a eu son action, les combinaisons de prudence ne pourront plus entraver la pensée de l’historien sur le mouvement de l’époque actuelle, que celui-ci sera à même d’expliquer le caractère et de donner une appréciation juste de ce grand homme. Car, si des idiots, des ignorants, veulent dénommer son action panslaviste, elle mérite le nom de paneuropéenne.

Les historiens futurs qui s’appliqueront à étudier