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et contribue à la destruction de cette néfaste prison tartaro-allemande, tend irrévocablement à la libération et au bien des peuples qui en souffrent.


M. Bakounine.



FRAGMENT D’UNE LETTRE DE BAKOUNINE
AUX DIRECTEURS DE LA « CLOCHE »


3 mai 1867.


Dans vos dernières lettres, vous me reprochez, mes amis, d’avoir mis le nom d’Aksakoff au même rang avec celui de Katkoff et compagnie ; vous dites, qu’il y a un abîme entre eux ; qu’Aksakoff est d’une honnêteté irréprochable. Le connaissant personnellement, vous pouvez le juger mieux que moi ; de mon côté je respecte si profondément votre jugement que sur votre demande, je suis prêt à retirer cette parole sévère et peut-être injuste. D’ailleurs, en ce qui m’est personnel, je ne puis être ni pour ni contre lui, attendu que je ne l’ai jamais rencontré. J’ai connu intimement son excellent frère Constantin Serguéievitch, que j’aimais et estimais de tout mon cœur, malgré la différence sensible de nos opinions.

Depuis que j’ai conscience de moi-même, je suis révolutionnaire ; lui, malgré son cœur chaud et son tempérament héroïque, sacrifiant à tout moment son naturel à la théorie, était un slavophile soumis, un humble chrétien, un orthodoxe sincère. Par son dévouement passionné à la doctrine de Khomiakoff et de Kiréevski, qu’il acceptait sans critique, il laisserait loin en arrière le plus ardent slavophile d’au-