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nant ! Votre élève, que Dieu tient en sa sainte garde, surpasse de beaucoup Nicolas lui-même. D’ailleurs, j’en suis très content ; je n’ai jamais eu foi en progrès officiel, ni en socialisme d’État, et je suis très heureux de voir le gouvernement et l’État rester dans leur véritable rôle. Bien que le peuple russe n’ait encore qu’une très faible conscience de cet état de choses, cette conscience finira bien par s’éveiller, enfin, un beau jour. Et comme notre État ne présente rien d’organique, que tout y tient par de simples liens mécaniques, la débâcle une fois commencée, rien ne pourra plus l’arrêter. Il est certain que tôt ou tard, cet empire va crever ; je désirerais seulement survivre à ce spectacle.

Que fait Ogareff ? Comment va sa santé ? Prête-t-il assez d’attention à sa maladie ? A-t-il un bon médecin pour le soigner ? Je lui serre la main et la tienne aussi. Mes salutations empressées à Natalia Alexéevna. Peut-être, l’été prochain, pourrais-je vous voir encore à Genève.



BROUILLON DE LA LETTRE DE HERZEN À
BAKOUNINE


29 avril, 1867.


Je publierai ta lettre si tu veux, mais tu me permettras d’y supprimer certaines insultes que tu y prodigues. J’attends tes articles, si, seulement, ils ne restent à jamais enfouis dans ton cerveau comme le furent déjà tes « Mémoires », le « Traité sur l’État, » la « Rectification, de la Cloche » et tes autres écrits.