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Par quoi dois-je commencer ? Je vous remercie de l’envoi de 50 livres sterling et surtout de votre article sur moi dans la Cloche. Je veux leur répondre moi-même et je vous prierai d’insérer ma réponse dans votre journal, mais avant tout, je dois vous prier de m’envoyer, si possible, les numéros des journaux russes dans lesquels ont été publiées des critiques contre moi. Ils me font trop d’honneur ; vraiment, je sens une certaine gêne lorsque je pense que j’ai fait encore si peu pour mériter cette haine et cette horreur que je leur inspire. Oui, notre presse à présent fait preuve d’une très grande lâcheté. Cependant, il faut observer, que les journaux qui ne voulurent pas faire chorus avec cette presse reptile durent rester muets tandis que cette même presse cherche l’oubli dans l’enivrement ; viendra un jour où elle sera dégrisée et elle ne s’en trouvera pas bien alors. Oui, la masse de la noblesse, et probablement, aussi, la majorité de nos honorables commerçants, ont passé dans le camp de Pétersbourg et sont contre nous. Oui, le peuple russe, encouragé par des promesses, dans ses espérances radieuses d’obtenir des grâces et de grands privilèges, profitant des faveurs qui jamais, jusqu’ici, ne lui furent accordées, s’adonne volontiers aux excès. Dans son enivrement, il signe tout ce qu’on veut, étant surtout très disposé de régler son petit compte avec les seigneurs, et malgré tout cela, je ne donnerais pas un billet de cent roubles pour la prospérité de l’impérialisme de Pétersbourg. Ce que nous aurons à déplorer c’est qu’il y aura beaucoup de sang versé.

Les affaires polonaises restent dans le même état et traînent comme par le passé. Demontovicz, qui est allé dans son pays, m’annonce dans sa lettre