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dirait que l’organisation et la direction de toute cette affaire relevaient d’un enfant insouciant. Mais c’est assez ; passons à nos argonautes.

Vous savez déjà, que je n’ai trouvé à Helsinborg que Lapinski, Léon Mazurkiewicz, Bobczinski, notre bon et loyal, mais par trop naïf Reinhard, enfin, Tugendbold, un Juif, pas du tout naïf. Lapinski m’a beaucoup plu dès le premier abord ; je vous en ai déjà parlé dans plusieurs de mes lettres. J’étais heureux de trouver dans un chef militaire des qualités

individuelles desquelles dépendait tant. . .

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LETTRE DE BAKOUNINE À HERZEN
ET À OGAREFF


9 avril.


Eh bien ! mes amis, je vous demande pardon. Vous avez raison et j’avoue que j’ai joué vis-à-vis de vous le rôle d’un idiot. J’ai pensé à ma lettre après l’avoir mise à la poste, et j’en ai eu le cœur gros. J’aurais voulu la reprendre, mais il était trop tard. C’est une mauvaise lettre, car elle ressemble à un reproche injuste dicté par un sentiment qui n’est pas plus noble qu’il n’est élevé. L’idée absurde que vous auriez hésité à risquer vos têtes pour une cause à laquelle vous avez sacrifié votre vie entière, ne pouvait entrer dans mon esprit. Vous ne deviez pas mesurer ma foi en vous avec la même mesure que vous me mesurez la vôtre. Vous avez des doutes à mon égard, des hésitations ; quant à moi, je n’en ai point. Bien que souvent, je discute avec vous, et que parfois, je combatte