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En présence des persécutions ouvertes et systématiques du gouvernement russe contre toutes les éditions de nos publications à Londres, et qui, je dois l’avouer, sont très logiques, vu qu’elles ont pour but de mettre fin à notre propagande en Russie, nous devons sortir, enfin, de cette honteuse et périlleuse apathie à laquelle nous nous abandonnons, pour opposer à l’action hostile notre œuvre de solidarité, l’union.

Il est donc de toute urgence d’organiser sur une large échelle des relations suivies avec la Russie. Apporter une grande lenteur dans l’exécution de cette affaire et laisser traîner les choses comme on l’a fait jusqu’ici en tout, ne veut pas encore dire que l’on approfondit la question et que l’on agit pratiquement. Le temps est une force qu’il ne nous est pas permis de dissiper inutilement. C’est pourquoi, après avoir bien réfléchi et pesé cette affaire, il faut se mettre immédiatement à l’œuvre et sans perdre un instant.

Je suis très heureux d’apprendre que vous vous êtes enfin décidés à envoyer B… dans le nord de l’Allemagne et je vous engage beaucoup à envoyer encore Joukovski[1] dans l’est. Cela est nécessaire d’un côté, pour aider Kelsieff, mais surtout pour lui confier une mission spéciale. Donc, la proposition que je vous fais comporte deux questions : Y a-t-il utilité de déléguer Joukovski et précisément à l’est ? Comment trouver les ressources pécuniaires nécessaires pour ce voyage ?

Examinons d’abord quelle en sera l’utilité. La lettre de Kelsieff vous la démontre assez clairement, mais avant cela vous avez dû déjà pressentir que l’est

  1. Nicolas Joukovski, réfugié russe, récemment mort à Genève. (Trad.).