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La fois suivante que je vous écrirai, j’enverrai aussi une lettre à mon ami Reichel et j’y joindrai mon portrait.

Assurément, vous voudrez me répondre. Je vous prie donc de m’envoyer vos lettres, soit avec des personnes de confiance se rendant à Pétersbourg, ou à l’adresse de Nicolas-Pavlovitch Ignatieff ou encore…



LETTRE DE BAKOUNINE À HERZEN
ET À OGAREFF


15/3 octobre 1861, San-Francisco


Mes amis !


J’ai pu m’évader de Sibérie et après avoir longuement voyagé sur l’Amour et les côtes du détroit de Tartarie, en traversant le Japon, je suis arrivé aujourd’hui à San-Francisco. Mais dans ce voyage mes économies, très modestes d’ailleurs, furent complètement épuisées et si je n’étais pas tombé sur un homme généreux qui a bien voulu me prêter 250 dollars pour prendre le train de New-York, je me serais trouvé dans un très grand embarras. Vous, mes amis, vous êtes trop loin, et dans cette ville même je ne connais personne. J’espère arriver à New- York le 18/6 novembre. Si j’ai bien calculé, cette lettre devra vous parvenir le 15, donc, je pourrai avoir votre réponse à la fin de ce mois. J’espère que vous avez déjà reçu de l’argent pour moi, qui a dû vous être expédié de Russie. Dans tous les cas, je vous prie de m’envoyer 500 dollars à New-York, ce qui fait, si je ne me trompe, 100 livres sterling qui me sont indispensables pour mes frais de voyage