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réunies autant que possible et publiées en volume. Mais rien encore n’a été fait jusqu’ici.

Le but que nous nous sommes proposé est de combler si peu que ce soit cette lacune, en publiant ses lettres à Alexandre Ivanowitch Herzen et à Ogareff, en y ajoutant encore celles qu’il a adressées à d’autres personnes. Nous n’avons pas connu Bakounine personnellement et nous n’avons jamais été au nombre de ses coreligionnaires.

Nous envisageons notre tâche comme un simple essai que ceux qui connurent Bakounine personnellement et qui sont en possession d’autres documents sur sa vie voudront compléter, en livrant ces documents à la publicité et en en donnant un commentaire plus étendu.

C’est surtout la période de son séjour à l’étranger, à partir de 1840, qui est peu élucidée et pleine de lacunes. Nous sommes un peu mieux renseigné sur sa participation au congrès slave de Prague, en 1848, et à la révolution de Dresde, en 1849.

Mais l’évolution psychologique qui, à cette époque, s’est opérée en lui et a amené ce conservateur hégélien, qui s’inclinait alors devant la « raison d’être » de la vie russe, sous Nicolas I, à se faire non seulement l’apôtre du socialisme, mais plus encore, à devenir un révolutionnaire fervent passant de la philosophie abstraite allemande au slavisme et à la révolution sociale, cette évolution, disons-nous, reste absolument incompréhensible. Cependant déjà, au congrès de Prague, il avait nettement affirmé ces tendances. Nous trouvons aussi à ce sujet des indices, vagues en-