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en proclamant que l’émancipation économique des classes ouvrières est le grand but auquel tout mouvement politique doit être subordonné comme un simple moyen[1], et que tous les efforts faits jusqu’ici ont échoué faute de solidarité entre les ouvriers des diverses professions dans chaque pays et d’une union fraternelle entre les travailleurs des diverses contrées, leur indiquait clairement la seule voie qu’ils pouvaient, qu’ils devaient suivre.

Avant tout, ils devaient s’adresser aux masses |122 au nom de leur émancipation économique, non de la révolution politique ; au nom de leurs intérêts matériels d’abord, pour arriver plus tard à leurs intérêts moraux, les seconds, en tant qu’intérêts collectifs, n’étant toujours que l’expression et la conséquence logique des premiers. Ils ne pouvaient pas attendre que les masses vinssent les trouver, ils devaient donc aller les chercher là où elles se trou-

  1. Bakounine cite ce considérant des statuts généraux, non d’après le texte de la version française tel qu’il fut publié dès 1865 et adopté ensuite au Congrès de Genève en 1866, mais d’après un texte rectifié imprimé à Paris en mars 1870 par les soins de Paul Robin et de Paul Lafargue. Au moment où Robin revoyait les épreuves de cette nouvelle édition française, Lafargue lui signala des différences entre le texte français de 1865-1866 et le texte anglais, et ce fut sur l’observation de Lafargue que furent intercalés dans ce considérant les quatre mots comme un simple moyen, traduction des mots anglaisas a means. Dans le texte français de 1865-1866, ce considérant est ainsi libellé : « L’émancipation économique des travailleurs est le grand but auquel doit être subordonné tout mouvement politique ». Comme on le voit, Bakounine n’attachait alors aucune importance à la différence entre les deux textes, et probablement il ne l’avait même pas remarquée.