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toutes les industries particulières, et non leur principe abstrait, violemment et doctrinairement imposé, comme le voudraient les communistes allemands, partisans de l’État populaire.

S’il n’y avait eu dans l’Internationale que des sections centrales, elles auraient probablement réussi encore à former des conspirations populaires pour le renversement de l’ordre de choses actuel, des conspirations |115 d’intention, mais trop impuissantes pour atteindre leur but, parce qu’elles n’auraient jamais pu entraîner et recevoir dans leur sein qu’un très petit nombre d’ouvriers, les plus intelligents, les plus énergiques, les plus convaincus et les plus dévoués. L’immense majorité, les millions de prolétaires, serait restée en dehors, et, pour renverser et détruire l’ordre politique et social qui nous écrase aujourd’hui, il faut le concours de ces millions.

Seuls les individus, et seulement un très petit nombre d’individus, se laissent déterminer par l’« idée » abstraite et pure. Les millions, les masses, non pas seulement dans le prolétariat, mais aussi dans les classes éclairées et privilégiées, ne se laissent jamais entraîner que par la puissance et par la logique des « faits », ne comprenant et n’envisageant la plupart du temps que leurs intérêts immédiats ou leurs passions du moment, toujours plus ou moins aveugles. Donc, pour intéresser et pour entraîner tout le prolétariat dans l’œuvre de l’Internationale, il fallait et il faut s’approcher de lui non avec des idées générales