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de métier, dans tous les pays du monde, il faut que d’autres ouvriers, dont l’intelligence est plus développée et qui possèdent quelques notions de la science économique, viennent à son aide. Non que l’expérience journalière lui manque sur ce point, mais parce que les phénomènes économiques par lesquels se manifeste cette indubitable solidarité sont infiniment plus compliqués, de sorte que leur sens véritable peut échapper et échappe en effet fort souvent aux ouvriers moins instruits.

En supposant que la solidarité internationale soit parfaitement établie dans un seul corps de métier, et qu’elle ne le soit pas dans les autres, il en résultera nécessairement ceci, que dans cette industrie le salaire des ouvriers sera plus élevé et les heures de travail seront moindres que dans toutes les autres industries. Et comme il a été prouvé que, en conséquence de la concurrence que les capitalistes et les patrons se font entre eux, le véritable profit des uns comme des autres n’a d’autre source que la modicité relative des salaires et le nombre aussi grand que possible des heures de travail, il est clair que, dans l’industrie dont les ouvriers seront internationalement solidaires, les capitalistes et les patrons gagneront moins que dans toutes les autres ; par suite de quoi, peu à peu, les capitalistes transporteront leurs capitaux et les patrons leurs crédits et leur activité exploitante |105 dans les industries moins ou pas du tout organisées. Mais cela aura pour conséquence nécessaire de diminuer dans l’industrie