Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

salaire ; les patrons peuvent donc vendre leurs produits à meilleur marché, et par là même, faisant concurrence aux produits du pays où les ouvriers gagnent davantage avec moins de peine, ils forcent les patrons de ce pays à réduire le salaire et à augmenter le travail de leurs ouvriers ; d’où il résulte qu’à la longue la situation relativement supportable des ouvriers dans un pays ne peut se maintenir qu’à la condition qu’elle soit également supportable dans tous les autres pays. Tous ces phénomènes se répètent trop souvent pour qu’ils puissent échapper à l’observation des ouvriers les plus simples. Alors ils finissent par comprendre que pour se garantir contre l’oppression exploiteuse et toujours croissante des patrons, il ne leur suffit pas d’organiser une solidarité locale, qu’il faut faire entrer dans cette solidarité tous les ouvriers du même métier, travaillant non seulement dans la même province ou dans le même pays, mais dans tous les pays, et surtout dans ceux qui sont plus particulièrement liés par des rapports de commerce et d’industrie entre eux. Alors se constitue l’organisation non locale, ni même seulement nationale, mais réellement internationale, du même corps de métier.

Mais ce n’est pas encore l’organisation des travailleurs en général, ce n’est encore que l’organisation internationale d’un seul |104 corps de métier. Pour que l’ouvrier non instruit reconnaisse la solidarité réelle qui existe nécessairement entre tous ces corps