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poursuivre un but bien autrement intéressant et grandiose que toutes ces patriotiques exhibitions des ambitions personnelles du radicalisme bourgeois. »

D’ailleurs, il faut le dire, à cette époque, c’est-à-dire dans la seconde moitié de l’année 1868, après que la grande grève des ouvriers en bâtiment eut montré aux bourgeois politiciens de Genève que l’Internationale pouvait et devait devenir une grande puissance, le parti radical n’était pas encore parvenu à jeter le grappin sur elle. Au contraire, les ouvriers-citoyens de Genève, devenus membres de l’Internationale, s’étaient laissé entraîner par les compagnons Ph. Becker, Serno-Soloviévitch, Charles Perron, à former un nouveau parti démocrate socialiste, sous |91 la présidence de M. Adolphe Catalan, jeune homme assez ambitieux pour changer facilement de programme selon les besoins du moment, et qui, répudié par le parti radical, avait espéré un instant que la puissance naissante de l’Internationale, dont il n’était pas même membre et qu’il avait à peine cessé de combattre, pourrait lui servir de marchepied. Il manifesta à cette occasion autant de largeur et de flexibilité de conscience que de légèreté dans ses calculs, qui furent naturellement déjoués par les faits. Le jeune parti de la démocratie socialiste de Genève, dont le programme contenait d’ailleurs des choses excellentes, mais d’une réalisation impossible tant que la domination bourgeoise continuera d’exister, c’est-à-dire tant