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d’esclavage et de misère. Donc il n’y a pas d’autre moyen d’émanciper les peuples économiquement et politiquement, de leur donner à la fois le bien-être et la liberté, que d’abolir l’État, tous les États, et de tuer par là même, une fois pour toutes, ce qu’on a appelé jusqu’ici la politique ; la politique n’étant précisément autre chose que le fonctionnement, la manifestation tant intérieure qu’extérieure de l’action de l’État, c’est-à-dire la pratique, l’art et la science de dominer et d’exploiter les masses en faveur des classes privilégiées.

Il n’est donc pas vrai de dire que nous fassions abstraction de la politique. Nous n’en faisons pas abstraction, puisque nous voulons positivement la tuer. Et voilà le point essentiel sur lequel nous nous séparons d’une manière absolue des politiques et des socialistes bourgeois radicaux. Leur politique consiste dans l’utilisation, la réforme et la transformation de la politique et de l’État ; tandis que notre politique à nous, la seule que nous admettions, c’est l’abolition totale de l’État, et de la politique qui en est la manifestation nécessaire.

|86 Et c’est seulement parce que nous voulons franchement cette abolition, que nous croyons avoir le droit de nous dire des internationaux et des socialistes révolutionnaires ; car qui veut faire de la politique autrement que nous, qui ne veut pas avec nous l’abolition de la politique, devra faire nécessairement de la politique de l’État, patriotique et bourgeoise, c’est-à-dire renier dans le fait, au nom de