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même, mais les chefs avec pleine connaissance de cause, sachant fort bien que, dans ce dernier cas, l’Internationale ne manquerait pas de devenir bientôt, en leurs mains, un moyen très puissant d’intervention triomphante dans la politique locale du canton de Genève, au profit non du socialisme, mais du parti radical.

Ce fut là le commencement, dans l’Internationale de Genève, du débat éternel entre le radicalisme bourgeois et le socialisme révolutionnaire du prolétariat ; débat qui, n’étant alors qu’à sa naissance, était naturellement encore enveloppé d’incertitude, conduit par les deux parties opposées sous l’influence plutôt d’aspirations instinctives qu’avec une connaissance raisonnée de leurs buts, et qui ne fut mis en pleine clarté que plus tard, en 1869, sous l’influence réunie du journal l’Égalité et de la propagande de la Section de l’Alliance.

Ce n’est pas à vous, compagnons[1], que nous aurons besoin d’expliquer combien |79 ceux qui défendaient le parti du socialisme révolutionnaire étaient dans le vrai, et combien ceux qui voulaient faire de l’Internationale un instrument du radicalisme bourgeois étaient dans le faux, combien par là même ces derniers travaillaient, sans le savoir et sans le vouloir sans doute, à la ruine totale de l’esprit, de la consistance et de l’avenir même de l’Association Internationale.

  1. Comme on le verra plus loin (p. 45), c’est aux ouvriers des Montagnes jurassiennes que Bakounine ici s’adresse.