Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/433

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sérieux, également dévoués, également convaincus. Procédant ensuite collectivement à l’action, vous commencerez nécessairement par pratiquer cette fraternité entre vous, et, après quelques mois de pratique incessante, cette fraternité, qui n’était d’abord qu’une promesse, un contrat, deviendra une réalité, votre nature collective : et alors votre union sera réellement indissoluble.

Divisés en groupes régionaux, vous commencerez, au moyen des organisations régionales et locales, à étendre avec toujours plus d’ampleur vos rangs dans le peuple. Vous vous heurterez à vos ennemis, aux agents des préfets, aux prêtres, aux mazziniens : mais vous sachant unis, sachant que vos compagnons, épars non seulement en Italie mais dans toute l’Europe, font la même chose que vous faites, qu’ils vous regardent, vous applaudissent, vous appuient, vous aiment, vous trouverez en vous-mêmes des forces que vous n’auriez jamais imaginées, si chacun de vous avait agi individuellement, à sa tête, et non ensuite d’une résolution unanime préalablement discutée et acceptée. Et croyez-moi, vous triompherez de tous vos adversaires d’autant plus facilement, que vous porterez au peuple, non des paroles tombées d’en haut au nom soit d’une révélation, soit d’une politique doctrinaire, mais des idées qui n’exprimeront autre chose que ses propres instincts, ses propres aspirations, ses propres besoins.

Et aujourd’hui même, au Congrès de Rome, s’il