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dans la révolution politique ; dans la révolution sociale, elles ne sont pas seulement inutiles, elles sont positivement nuisibles, et incompatibles avec le but même que cette révolution se propose, c’est-à-dire l’émancipation des masses.

Aujourd’hui, dans l’action révolutionnaire comme dans le travail, la collectivité doit remplacer les individualités. Sachez qu’en vous organisant, vous serez plus forts que tous les Mazzini et tous les Garibaldi du monde ; et qu’en vous inspirant mutuellement et en appuyant toutes vos pensées, d’une part sur la science positive, sur l’observation réelle et sans Dieu, et d’autre part sur la vie populaire dans toute sa profondeur, dont vous ne ferez que formuler les instincts, vous aurez plus d’esprit et plus de génie que ces deux grands hommes du passé. Vous penserez, vous vivrez, vous agirez collectivement, ce qui d’ailleurs n’empêchera nullement le plein développement des facultés intellectuelles et morales de chacun. Chacun des vôtres vous apportera son trésor, et en vous unissant vous centuplerez votre valeur. Telle est la loi de l’action collective. Deux seules choses seront absolument interdites parmi vous : le développement de la vanité et celui de l’ambition personnelle, et par conséquent de l’intrigue, qui en est toujours l’inévitable résultat. Premièrement, en vous donnant la main pour cette action commune, vous vous promettrez une fraternité mutuelle : ce qui sera, pour débuter, un engagement, une sorte de libre contrat entre des hommes