peu de courage physique, et de la capacité de supporter des privations et des fatigues pendant quelques semaines, pendant quelques mois tout au plus ; ici, au contraire, on prend un engagement pour toute la vie, et, comme vient de le faire notre ami Fortunio dans son Gazzettino Rosa[1], on jure de la vouer entièrement au grand combat, à la lutte suprême pour l’émancipation du prolétariat. Un semblable engagement est des plus sérieux, car il entraîne avec lui, comme conséquence inévitable, la rupture définitive et complète avec tout le passé, avec tout le monde bourgeois, avec tous les amis du passé, et l’alliance à la vie et à la mort avec le prolétariat.
Aurez-vous le courage de consommer, avec toute la logique que demande une si grande œuvre, et avec toute l’énergie nécessaire pour la mener à terme, cette rupture et cette alliance ?
Si j’interroge la position que vous vous êtes faite vous-mêmes en vous déclarant matérialistes, athées, partisans de la Commune et de l’Internationale, socialistes et révolutionnaires en un mot, il me semble que vous ne pouvez plus hésiter, sous peine de vous annihiler ; vous devez aller de l’avant, et, acceptant non seulement en théorie, mais encore
- ↑ Fortunio était le pseudonyme d’Achille Bizzoni, rédacteur en chef et propriétaire du Gazzettino Rosa, qui, bien qu’il n’ait jamais appartenu à l’organisation intime des amis de Bakounine, avait, sous l’influence de Vincenzo Pezza, consenti à mettre son journal à la disposition des internationalistes italiens.