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peuple des campagnes. Le soulèvement du prolétariat des villes ne suffit plus ; avec lui nous n’aurions qu’une révolution politique, qui aurait nécessairement contre elle la réaction naturelle, légitime du peuple des campagnes, et cette réaction, ou seulement l’indifférence des paysans, étoufferait la révolution des villes, comme il est arrivé dernièrement en France. Seule la révolution universelle est assez forte pour renverser et briser la puissance organisée de l’État, soutenue par toutes les ressources des classes riches. Mais la révolution universelle, c’est la révolution sociale, c’est la révolution simultanée du peuple des campagnes et de celui des villes. C’est là ce qu’il faut organiser, — parce que sans une organisation préparatoire, les éléments les plus puissants sont impuissants et nuls.

Nous parlerons de cette organisation une autre fois.

L’Internationale vous en donne les bases ; élargissez-la à toute l’Italie, et le reste viendra de soi.

L’Internationale ne détruit pas les nationalités, les nations ; elle les embrasse toutes, sans en supprimer aucune. Elle ne peut faire autrement, parce que son principe fondamental est la plus vaste liberté. L’Internationale ne fait pas la guerre aux patries naturelles ; elle la fait seulement aux patries politiques, aux États ; et elle doit faire cette guerre : parce que, voulant sérieusement l’émancipation pleine et définitive du prolétariat, elle doit tendre nécessairement à l’abolition de toutes les classes,