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giques et fortes passions. On dirait que sa grande tâche historique l’a épuisé, au moins partiellement, comme elle a épuisé complètement la bourgeoisie florentine, dont la sceptique indifférence s’exprime d’une façon si pittoresque par son Che ! Che ! Le prolétariat des villes d’Italie, essentiellement, exclusivement municipal, séparé profondément, dans toute l’histoire de l’Italie, de la grande masse des paysans, forme une classe certainement très malheureuse, très opprimée, mais une classe tout de même, héréditaire et bien caractérisée. Comme classe, il est soumis à la loi historique et fatale qui détermine la carrière et la durée de chacune d’après ce qu’elle a fait et la façon dont elle a vécu dans le passé. Individualités collectives, toutes les classes finissent par s’épuiser, comme les individus. La même chose peut se dire des peuples considérés dans leur ensemble, avec cette différence que chaque peuple, embrassant toutes les classes et les masses mêmes qui ne sont pas encore parvenues à se constituer en classes, est infiniment plus ample, a considérablement plus de matières et par conséquent une course plus longue à fournir que toutes les classes qui se sont formées dans son sein. C’est l’individualité collective la plus puissante et la plus riche ; mais à la longue elle finit, elle aussi, par s’épuiser.

Et, précisément, cet épuisement physiologique, historique et fatal, explique la nécessité historique du double mouvement qui, aujourd’hui, pousse d’un côté les classes à se confondre dans les grandes