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les uns aux autres, et s’ignorant les uns les autres. Il ne comprend pas, le pauvre homme, qu’entre la Commune du moyen âge et la Commune moderne, il y a toute la différence qu’a produite non seulement dans les livres, mais dans les mœurs, dans les aspirations, dans les idées, dans les intérêts et dans les besoins des populations, une histoire de cinq siècles. Les Communes d’Italie, à leur origine, furent réellement isolées, centres d’autant d’existences politiques et sociales tout à fait indépendantes, non solidaires, et qui devaient forcément se suffire à elles-mêmes.

Quelle différence aujourd’hui ! Les intérêts matériels, intellectuels, moraux, ont créé entre tous les membres d’une même nation, que dis-je, entre les différentes nations elles-mêmes, une unité sociale tellement puissante et réelle, que tout ce que les États font aujourd’hui pour la paralyser et la détruire reste impuissant. L’unité résiste à tout, et elle survivra aux États.

Quand les États auront disparu, l’unité vivante, féconde, bienfaitrice tant des régions que des nations, et de l’internationalité de tout le monde civilisé d’abord, puis de tous les peuples de la terre, par la voie de la libre fédération et de l’organisation de bas en haut, se développera dans toute sa majesté, non divine, mais humaine.

Le mouvement patriotique de la jeunesse italienne sous la direction de Garibaldi et de Mazzini fut légitime, utile et glorieux ; non parce qu’il a créé