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tien de l’unité. Mais s’ils sont effectivement si indissolublement liés, les forcer à l’union est un luxe, un non-sens ; si au contraire vous croyez nécessaire de les contraindre, cela veut dire que vous êtes convaincus qu’ils ne sont pas bien liés, et que vous mentez, que vous voulez les induire en erreur sur eux-mêmes, quand vous leur parlez de leur union. L’union sociale, résultat réel de la combinaison des traditions, des habitudes, des coutumes, des idées, des intérêts présents et des communes aspirations, est l’unité vivante, féconde, réelle. L’unité politique, l’État, est la fiction, l’abstraction de l’unité ; et non seulement elle recèle la discorde, mais elle la produit encore artificiellement là où, sans cette intervention de l’État, l’unité vivante ne manquerait pas d’exister.

Voilà pourquoi le socialisme est fédéraliste, et pourquoi toute l’Internationale a salué avec enthousiasme le programme de la Commune de Paris. D’autre part, la Commune a proclamé explicitement dans ses manifestes que ce qu’elle voulait n’était nullement la dissolution de l’unité nationale de la France, mais sa résurrection, sa consolidation, sa vivification, et la pleine et réelle liberté populaire. Elle voulait l’unité de la nation, du peuple, de la société française, non celle de l’État.

Mazzini a poussé sa haine de la Commune jusqu’à l’imbécillité. Il prétend que le système proclamé par la dernière révolution de Paris nous ramènerait au moyen âge, c’est-à-dire à la division de tout le monde civilisé en une quantité de petits centres étrangers