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Voyons maintenant la seconde grandeur qu’il impose à notre adoration, non dans le présent certainement, — parce qu’il en a une autre à vous proposer pour aujourd’hui, — mais dans le passé : la grandeur de la Rome des papes ! Ne s’est-elle pas, elle aussi, baignée dans le sang, n’est-ce pas dans le sang que, comme la précédente, elle a fondé sa puissance ?

Je ne vous parlerai pas des batailles de la Réforme, ni de celles de la Révolution, parce que Mazzini les déteste également l’une et l’autre. Mais les trois exemples ci-dessus suffisent, je pense, à vous montrer qu’il ne déteste pas les batailles, mais qu’il les adore quand elles visent à la fondation d’une grande puissance. Ce qu’il déteste, c’est la révolte, et c’est certainement par une méprise que Spartacus a pris place parmi les saints de son paradis.

Ce que Mazzini redoute, c’est la guerre civile, qui détruit l’unité nationale :

Négation de la Patrie, de la Nation ! s’exclame-t-il avec désespoir. La Patrie vous a été donnée par Dieu, pour que, dans un groupe de vingt-cinq millions de Frères liés plus étroitement à vous par le nom, la langue, la foi ( ?), les aspirations communes (mensonges sur mensonges !), et un long et glorieux développement de traditions, de culte des sépultures de chers disparus (écho du mysticisme païen classique), de souvenirs solennels de martyrs tombés pour affirmer la Nation, vous trouviez un appui robuste pour le plus facile accomplissement d’une