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paroles creuses transcrites tout à l’heure ? Pour comprendre cela il faut des esprits profonds comme MM. Saffi et Brusco ; le pauvre ouvrier italien serait bien étonné si on lui disait que c’est de lui qu’il s’agit dans ces grands mots. Le fait est que le mouvement des ouvriers italiens, grâce aux narcotiques que Mazzini leur administre, a été nul jusqu’à présent. Ils ont dormi, et durant leur sommeil lourd et douloureux seuls Mazzini et les mazziniens se sont agités ; et comme il arrive souvent à des personnes qui ont peu de critique, ceux-ci ont pris leur propre mouvement pour le mouvement de ceux qui les entouraient. Mais voici que le peuple cesse de dormir ; il s’éveille et paraît vouloir se mettre en mouvement ; et Mazzini, effrayé de ce réveil et de ce mouvement qu’il n’a ni commandé ni prévu, cherche tous les moyens et se donne toutes les peines possibles pour rendormir le peuple, afin de pouvoir de nouveau s’agiter lui seul au nom de celui-ci.

Il crie aux ouvriers italiens ;

Votre loi est une croisade ! (Certainement il vaut mieux dormir que de s’entendre dire de pareilles sottises, qui sont capables de faire perdre la tête aux plus malins et aux plus éveillés). Si vous la convertissez en rébellion (oh ! mais vous ne le voulez pas !), en menaces d’intérêts contre d’autres intérêts (qui, d’intérêts justes, qui représentent le droit de tous, contre des intérêts injustes qui en représentent la négation inique ; menaces de la liberté contre le despotisme, de l’égalité contre le privilège, du travail contre les