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en dehors du peuple ; et qu’elle ne fait autre chose que d’organiser la puissance du peuple. Et elle peut le faire ; parce que, comme elle n’a pas la prétention d’imposer au peuple un programme reçu d’en haut, et par là même étranger et contraire aux instincts populaires, elle ne peut rien craindre de l’organisation de cette puissance spontanée de la force numérique des masses. Vous, par la raison contraire, vous ne pouvez et ne devez pas le faire, sachant bien que la première manifestation de cette force sera la destruction de tout votre système.

Aujourd’hui — poursuit Mazzini — votre mouvement est saint parce qu’il s’appuie précisément sur la loi morale qui est niée, sur le progrès historique révélé par la tradition de l’humanité, sur un concept d’éducation, d’association, d’unité de la famille humaine préfixé par Dieu à la vie[1].

En lisant tout cela, on est forcé de s’écrier : Est-ce du charlatanisme, est-ce de la poésie, ou bien de la folie ? De quel mouvement des ouvriers italiens parle Mazzini en le déclarant saint ? Peut-être de celui des sociétés de secours mutuels, qui jusqu’à présent n’a absolument rien produit ? Et s’imagine-t-il vraiment qu’un seul parmi les ouvriers italiens comprendra jamais rien aux phrases sophistiques, ampoulées, amphibologiques et à l’enfilade de

  1. « Oggi il vostro moto è santo perché si appoggia appunto sulla legge morale negata, sulla progressione storica revelata dalla Tradizione della Umanità, sopra un concetto di educazione, di associazione, di unità della famiglia umana prefisso da Dio alla vita. »