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se serait convaincue que dès le début de sa propagande, Mazzini a été un ardent théologien, c’est-à-dire un adversaire absolu de l’émancipation réelle des masses populaires, un anti-révolutionnaire absolu.

Pour cette raison, dans tous les mouvements qu’il a je ne dirai pas accomplis, — parce qu’il n’en a véritablement accompli aucun, et pour cause, — mais seulement entrepris, Mazzini a toujours soigneusement évité de faire directement appel aux masses populaires. Il aurait consenti à subir le joug des Autrichiens et des Bourbons, et même du pape, plutôt que de faire appel contre eux aux passions du prolétariat. Et c’est là, selon ma ferme conviction, la cause principale de toutes ses douloureuses défaites. Il est grandement temps de le constater : à l’exception du magnifique soulèvement de l’Italie en 1848, dont le commencement si glorieux et la fin si déplorable furent dus bien plus au sentiment national, d’abord, et ensuite à la défaite de la révolution en France, qu’à la conspiration mazzinienne, et à l’exception encore de la guerre victorieuse de Garibaldi en Sicile et à Naples en 1860, guerre au succès de laquelle Cavour, comme vous le savez, ne fut pas étranger, aucun des soulèvements, aucune des expéditions et des prises d’armes dont l’initiative ait appartenu en propre à Mazzini n’a jamais réussi.

Son immense mérite est d’avoir maintenu vivant dans la jeunesse italienne le feu sacré pendant