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parce qu’elle exploite et affame le peuple ; et que du moment où le peuple serait riche et instruit comme elle, elle ne pourrait plus dominer, et il n’y aurait plus de possibilité de gouvernement politique, parce que ce gouvernement se transformerait alors en une simple administration des affaires communes.

Mazzini ne comprend rien de tout cela, parce qu’il est idéaliste, et l’idéalisme consiste justement à ne jamais comprendre la nature et les conditions réelles des classes, mais à les fausser toujours en y introduisant une idée favorite quelconque. L’idéalisme est le despote de la pensée, comme la politique est le despote de la volonté. Seuls le socialisme et la science positive savent respecter la nature et la liberté des hommes et des choses.

Mazzini est donc anti-révolutionnaire par toute sa nature et par toute la tendance de ses sentiments et de ses idées ; et il a bien raison de reprocher à la jeunesse de l’accuser injustement en prétendant qu’il a changé, qu’il se met aujourd’hui en contradiction avec ses doctrines révolutionnaires. Non, il n’a pas changé, car il n’a jamais été révolutionnaire. Tant pis pour la jeunesse, si, — perdue dans les minuties de la conspiration mazzinienne éternellement avortée, et se payant du mot « République », qui peut signifier aussi bien esclavage que liberté du peuple, et qui dans le système mazzinien est tout à fait le contraire de la liberté, — elle ne s’est jamais donné la peine jusqu’à présent d’étudier plus sérieusement les écrits de Mazzini. Si elle l’eût fait, elle