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même à la plus honteuse et ridicule impuissance, sans se rendre complice, à tout le moins, d’un délit de lèse-patrie et de lèse-humanité.

Jusqu’à présent la jeunesse italienne s’est laissé paralyser par le respect, certainement légitime, que lui inspire la grande personnalité de Mazzini. Depuis longtemps déjà elle a repoussé les théories religieuses du Prophète ; mais elle a cru pouvoir séparer la religion de Mazzini de sa politique. Elle s’était dit : « Je repousserai ses fantasmagories mystiques ; mais je n’en obéirai pas moins à sa direction politique », sans comprendre que toute la politique du Patriote n’a jamais été et ne sera jamais autre chose que la traduction de la pensée religieuse du Prophète sur le terrain des faits.

Dans le fond, il n’y a rien de commun entre le programme de la jeunesse et du prolétariat, et le programme mazzinien. Le premier cherche naturellement la liberté et le développement de la prospérité dans la fédération ; le second cherche la grandeur et la puissance de l’État dans la centralisation ; le premier est socialiste, le second est théologien et bourgeois. Les buts étant si différents, comment les méthodes et les moyens d’action pourraient-ils jamais être identiques ?

Mazzini est avant tout l’homme de l’autorité.

Il veut, sans doute, que « les multitudes soient heureuses », et il exige de l’autorité qu’elle s’occupe sérieusement non seulement de leur éducation au point de vue de l’idéal éternel, mais encore, autant