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blante, crédule génération bourgeoise de nos jours (le « Pays » !) s’effraie du moindre fantôme. La portion possédante (ah ! ah !) du Pays, depuis le grand propriétaire jusqu’au propriétaire d’une boutique, commence à suspecter dans tout mouvement ouvrier une menace aux capitaux (et elle a raison de le suspecter, parce qu’il n’y a pas d’émancipation possible du prolétariat sans un changement radical dans les rapports du capital et du travail), provenant parfois de l’héritage, plus souvent du travail (mensonge ! à moins que ce travail n’ait consisté à exploiter le travail du prolétariat ; mais dans ce cas les banquiers, les voleurs et les brigands travaillent eux aussi, et travaillent assidûment, et les députés au parlement sont aussi de zélés travailleurs), et elle a droit à être rassurée[1].

Mazzini s’est évidemment chargé de cette tâche, et il l’accomplit très bien ; si bien que, tant que les masses se laisseront diriger par lui, la bourgeoisie pourra dormir tranquillement sur les deux oreilles. Mais par contre, et en raison de cela même, le prolétaire restera un misérable esclave, sans autre soulagement que les lettres de change sur le ciel que lui donnera Mazzini.

  1. « L’Umanità guarda e passa ; ma la tiepida, tentennante, tremante, credula generazione borghese dei nostri giorni impaurisce d’ogni fantasma. La parte abbiente del Paese, dal gran proprietario al proprietario d’una bottega, comincia a sospettare che in ogni moto operaio havvi una minaccia ai capitali raccolti talora per crédita, più s’esso dal lavoro, e ha diritto di essere rassicurata. »