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plus vitales, c’est déclarer — chose d’ailleurs conforme au programme de Mazzini — que le peuple est incapable de les comprendre, et qu’il doit s’en remettre avec une foi aveugle aux décisions de la sacro-sainte autorité), le pays (c’est-à-dire la bourgeoisie, la tourbe des lâches privilégiés qui dépouillent et oppriment le peuple), vous tenant pour tout à fait inexpérimentés et malavisés, jugera prématurée (c’est-à-dire très dangereuse pour ses privilèges) l’entrée en ligne de votre élément[1].

Mais ce qui suit est vraiment magnifique et nous donne la mesure du jésuitisme de Mazzini. Après avoir interdit au Congrès de discuter les questions religieuses, politiques et sociales, et tout cela dans le dessein évident d’empêcher les anti-mazziniens d’exposer leurs idées, voilà qu’il recommande aux délégués du Congrès de faire deux « petites déclarations », qui doivent d’un seul coup résoudre ces questions dans un sens exclusivement mazzinien. C’est là un vrai tour de force d’habileté politique et théologique ! Écoutez :

Deux seules déclarations me semblent, comme préambule d’ordre et instruction générale donnée à l’autorité que vous devez élire (et qui est choisie depuis beau temps déjà dans la pensée du Comité

  1. « Il paese guarda a voi trepido, attento, severo ; se troverà nel vostro, come in altri congressi tenuti fuori d’italia, tempesta di pareri diversi, avventatezza sfrenata di lunghe parole inutili e su questioni superficialmente trattate, giudicherà il paese, per voi tutti inesperti e malavveduti, è prematuro il sorgere del vostro elemento. »