Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/334

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Ce ne peut être certainement le prolétariat italien, attendu que les ouvriers délégués au Congrès doivent en connaître les aspirations et les désirs beaucoup mieux que Mazzini. Donc ce doit être la bourgeoisie italienne, à moins que ce ne soit le parti exclusivement mazzinien, c’est-à-dire Mazzini lui-même. Écoutons donc les conseils de Mazzini :

Il s’agit pour vous — dit-il — de ratifier de nouveau votre pacte, et de constituer, pour le représenter, une autorité qui ait la condition d’une vie vraie, forte et durable. Et c’est la chose la plus importante que vous puissiez faire. (Je le crois bien. Une autorité destructrice de toute liberté ! voilà au moins du mazzinianisme pur !) Du jour où vous l’aurez fait, commencera la vie collective des ouvriers italiens[1].

Donc la vie collective n’est pas dans la multitude populaire ; cette multitude, selon Mazzini, n’étant qu’un agrégat tout à fait mécanique d’individus, la collectivité n’existe que dans l’autorité, et ne peut être représentée que par elle. Nous en sommes toujours à cette maudite fonction de l’État, qui absorbe et concentre, en la détruisant, la collectivité naturelle du peuple, et qui probablement à cause de cela même est réputé la représenter, comme Saturne représentait ses fils à mesure qu’il les dévorait.

  1. « Si tratta per voi di ratificare nuovamente il vostro patto, e di costituire a rappresentarlo un’ Autorità, che abbia condizione di vera, forte e perenne vita. Ed è la cosa più importante che possiate fare. Dal giorno in cui l’avrete fatto comincierà la vita collettiva degli opérai italiani. »