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la volonté et la pensée spontanée du peuple :

Je ne m’arroge pas — dit Mazzini — le droit de vous diriger et de me constituer votre interprète (mensonge ! tout cet écrit tend vers ce seul but) ; trop d’hommes parlent aujourd’hui en votre nom et répètent la phrase impérieuse russe : « Il faut enseigner à l’ouvrier ce qu’il doit vouloir. » (Calomnie ! aucun socialiste russe n’a jamais dit cela, aucun socialiste révolutionnaire n’a pu le dire. C’est Mazzini, et non pas nous, qui enseigne les « devoirs », c’est-à-dire ce qu’on doit vouloir.) Mais il me semble — continue-t-il (écoutez ceci !) — que je puis vous dire ce que la partie bonne et sincèrement italienne de la nation attend de vous[1].

Que vous en semble ? Peut-on être plus jésuite, plus fourbe ? Mazzini ne veut pas diriger les ouvriers ; mais en même temps il leur déclare ce que les Italiens bons et sincères attendent d’eux.

N’est-ce pas là déclarer d’avance que, si les résolutions du Congrès sont contraires à ce que s’en promettent ces « bons », ou en sont seulement différentes, elles seront mauvaises et anti-italiennes ? Mais qu’entend-il donc par « diriger » ?

Et quelle est donc cette partie « bonne et sincèrement italienne » au nom de laquelle il se sent en droit de parler ?

  1. « Non mi arrogo dirigervi e costituirmi interprete vostro ; troppi uomini parlano oggi in vostro nome e ripetono la frase imperiosa russa : bisogna insegnare all’ operaio ciò che DEVE volere. Ma mi pare di potervi dire ciò che la parte buona e sinceramente italiana aspetta da voi. »