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aux rebelles de la libre-pensée, aux vrais révolutionnaires, aux athées, aux socialistes italiens, de courber la tête devant cette « Pensée nationale », sous peine d’être déclarés rebelles à la volonté du peuple, et traîtres à la patrie. Voilà le péril dont vous êtes menacés. Je sais bien qu’il n’est pas aussi grand pour vous que Mazzini se l’imagine. Je sais qu’il s’illusionne trop, comme toujours, sur les conséquences de ce Congrès, même à supposer que le résultat lui soit complètement favorable.

C’est qu’en vérité, en admettant que tout se passe comme il le désire, tout ce qui sera fait à Rome ne sera que fiction, et la réalité italienne, demeurant ce qu’elle est, continuera à être tout opposée aux rêves mazziniens.

Il est probable, au contraire, qu’après ce Congrès, par une sorte de réaction naturelle, le mouvement socialiste révolutionnaire devienne encore plus puissant en Italie.

Mais ce n’est pas là une bonne raison pour nous faire nous résigner philosophiquement au triomphe, même momentané, de Mazzini. D’abord, ce triomphe pourrait durer trop longtemps ; et puis, en règle générale, « il ne faut jamais permettre à ses ennemis de triompher, quand on a le pouvoir de les en empêcher ou au moins de diminuer leur triomphe ». Combattre son adversaire à outrance, et sans lui laisser jamais ni paix ni trêve, est une preuve d’énergie, de vitalité et de moralité, que tout parti vivant se doit à lui-même non moins qu’à tous