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volonté ni pensée. Mais les comités, ne représentant plus qu’eux-mêmes, et n’ayant derrière eux que des masses ignorantes et indifférentes, ne sont plus capables de former qu’une puissance fictive, non une puissance véritable. Cette puissance fictive, conséquence détestable et inévitable de l’autoritarisme une fois introduit dans l’organisation des sections de l’Internationale, est excessivement favorable au développement de toute sorte d’intrigues, de vanités, d’ambitions et d’intérêts personnels ; elle est même excellente pour inspirer un contentement puéril de soi-même et une sécurité aussi ridicule que fatale au prolétariat ; excellente aussi pour effrayer l’imagination des bourgeois. Mais elle ne servira de rien dans la lutte à mort que le prolétariat de tous les pays de l’Europe doit soutenir maintenant contre la puissance encore trop réelle du monde bourgeois.

Cette indifférence pour les questions générales qui se manifeste de plus en plus chez les ouvriers en bâtiment ; cette paresse d’esprit qui les porte à s’en reposer pour toutes les questions sur les décisions de leurs comités, et l’habitude de subordination automatique et aveugle qui en est la conséquence naturelle, font qu’au sein |69 même des comités la majorité des membres qui en font partie finissent par devenir les instruments irréfléchis de la pensée et de la volonté de trois ou de deux, quelquefois même d’un seul de leurs camarades, plus intelligent, plus énergique, plus persévérant et plus