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ciales à leur organisme ; que les semences végétales ne pourraient jamais se transformer en une plante, ni la plante porter des feuilles, des fleurs et des fruits, et que le monde en général, privé d’organisation, d’ordre, de lois, ne pourrait exister. Et pourtant la science positive enseigne que le développement naturel du monde organique, végétal et animal, constitue l’éducation naturelle de ce monde, comme l’histoire, c’est-à-dire le développement naturel et fatal de la société humaine, constitue l’éducation des hommes tant collectivement qu’individuellement ; et que tous les systèmes d’éducation individuelle, connus et non connus, ne sont et ne peuvent être que des reflets, des conséquences et des applications diverses de cette ample éducation collective qui s’appelle l’histoire.

Ce que nous nions, ce n’est donc pas l’éducation du genre humain ; car au contraire c’est sur elle que nous fondons toutes nos espérances.

Elle nous donne la certitude du triomphe, précisément parce qu’elle ne consiste pas dans l’œuvre de quelques individus plus ou moins inspirés, hommes de génie, couronnés de vertu, et qui croient avoir reçu leur mission d’en haut, mais qu’elle s’accomplit par la logique fatale des faits, par le développement naturel et nécessaire de la société, développement dont les individus qui sont inspirés, non de haut en bas, mais de bas en haut, ne sont rien que les instruments plus ou moins conscients, plus ou moins pensants.