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que je passai en Italie. Je le rencontrai de nouveau en 1867, à Genève, où je m’étais rendu pour prendre part au Congrès de la Paix. Je l’avais si peu remarqué à Londres que, lorsqu’il se présenta à moi, je ne le reconnus pas. Mais depuis lors il s’attacha aux pans de mon habit. Dans ce Congrès j’avais acquis une certaine popularité : cela suffit à Outine pour qu’il voulût à toute force devenir mon ami. Il me déplut alors encore plus qu’à Londres. Il détestait Herzen, qui, malgré ce qu’en pense Marx, n’a jamais été mon ami[1], et Outine me répéta à plusieurs reprises : « Je dis à tous ceux qui me demandent mon opinion : Je suis le partisan de Bakounine, non de Herzen ». Et, en effet, beaucoup de mes amis français, Rey, Élie Reclus, Naquet et d’autres me demandèrent : « Qu’est-ce que c’est donc que ce petit monsieur qui nous répète toujours qu’il est votre partisan et non celui de Herzen ? »

Après cela je le perdis de vue de nouveau. Mais depuis janvier jusqu’en octobre 1868 j’eus l’avantage de le voir chaque jour, et j’ai pu l’étudier. Nous formions ensemble, près de Vevey, une sorte de petite commune russe : il y avait Joukovsky et sa femme ; Mme Levachof, sœur de Mme Joukovsky ; la princesse Obolensky, Mrouk[2], Zagòrski. Outine et sa femme vinrent compléter la société.

  1. Bakounine veut dire que Herzen n’a jamais été son ami « politique », conspirant avec lui.
  2. Le major polonais Valérien Mroczkowski, connu plus tard sous le nom d’Ostroga.