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chevsky et lui. Mais je suis sûr qu’il ment. Tchernychevsky était un homme trop intelligent, trop sérieux, trop sincère, pour avoir pu supporter un gamin faussement exalté, phraseur sans vergogne, et infatué de lui-même, comme Outine. Il en sera, sans doute, de ses rapports avec Tchernychevsky comme de ses prétendus rapports amicaux avec Serno-Soloviévitch. Vous avez lu ou vous avez entendu parler du discours qu’il a prononcé à l’inauguration du monument élevé sur la tombe de Serno[1] : dans ce discours, Outine parla de leur amitié, de leur sympathie mutuelle, disant que Serno avait encouragé sa propagande russe. Le fait est que Serno avait un dégoût profond pour Outine ; il ne parlait jamais de lui qu’avec mépris. « Si quelqu’un m’a fait prendre le mot de révolution en horreur, me disait-il une fois, c’est Outine. » Il est fort probable qu’il en fut de même avec Tchernychevsky.

Outine émigra en 1863, en été. Les persécutions avaient commencé, et ce n’était pas un homme à affronter les dangers. Il ne les aime qu’en idée et de loin. Je le rencontrai à Londres, dans la société d’Ogaref, à mon retour de Stockholm. Il ne me plut pas du tout. Il me parut très vaniteux, très phraseur, voilà tout.

Depuis je ne le vis plus pendant quatre |103 ans

  1. L’inauguration de ce monument, au cimetière de Plain palais (Genève), eut lieu le 26 décembre 1869. L’Égalité en a rendu compte dans son numéro du 1er janvier 1870.