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que lorsque, réalisant leurs menaces, ils partirent, personne ne les retint et personne ne pleura.

Enfin, leur dernier fiasco fut celui de leur plan combiné avec l’ami James pour le transfert du Comité fédéral, et de la rédaction du journal surtout, dans les Montagnes. Ce projet fut si bien tenu secret, que le lendemain même il fut ébruité à Genève[1] ; et ce fut là la première et la principale

  1. Il semblerait, à lire ce passage de Bakounine, qu’entre Robin, Perron et moi, et d’autres amis encore, un plan eût été formé, qui eût dû rester un secret, mais qui aurait été maladroitement ébruité par une indiscrétion. En réalité, il n’y eut absolument aucun mystère dans notre projet de soustraire l’Égalité aux mains d’Outine, qui s’était emparé de la rédaction par un escamotage ; nous annonçâmes publiquement que nous demanderions au Congrès des Sections romandes de décider que le journal ne resterait pas à Genève. Voici ce qu’on lit à ce sujet dans le Mémoire de la Fédération jurassienne, p. 98 : « Dès ce moment [janvier 1870], l’idée tut mise en discussion, dans les sections des Montagnes, de proposer au Congrès romand, qui devait avoir lieu en avril, de transférer le journal dans une autre ville que Genève, afin de le soustraire à la pernicieuse influence d’un milieu réactionnaire. Le Congrès devait aussi élire le nouveau Comité fédéral romand ; nul parmi nous, dès avant ces événements, n’avait songé à le laisser deux ans de suite à Genève, étant décidés par principe à le transporter chaque année dans une localité différente : toute la question était de savoir quelle ville, après Genève, se trouverait la mieux placée pour devenir, pendant l’année 1870-1871, le siège du Comité fédéral ; et l’on hésitait entre le Locle et la Chaux-de-Fonds. Ces pourparlers au sujet de propositions à faire au Congrès romand, parfaitement légitimes et dont personne n’avait songea faire un mystère, furent représentés plus tard par les dissidents genevois comme une conspiration ; ils nous reprochèrent comme un crime d’avoir osé nourrir la pensée de transférer, ainsi que le voulait l’esprit des statuts, le journal et le Comité fédéral dans une autre ville. » — Bakounine, qui se trouvait à Locarno depuis novembre 1869, ne fut que très imparfaitement renseigné sur ce qui se passa à Genève et aux Montagnes après son départ ; et, sans s’en douter, il se fait ici l’écho du langage tenu par nos adversaires, la coterie du Temple-Unique.